LA REPRESENTATION de l'ESPACE

Atelier du Réseau de sciences cognitives d'Ile-de-France

Responsables : Maya Hickmann et Michel Denis

ESPCI, 10 rue Vauquelin, 75005 Paris

De 14h30 à 16h30


Programme 2000-2001

Lundi 16 octobre

Sidney Wiener (CNRS Collège de France LPPA, Paris) Bases neuronales de la cognition spatiale

 

Résumé :

L'étude des mécanismes neuraux qui sous-tendent les fonctions spatiales fait actuellement l'objet d'un nombre croissant de recherches en neurosciences.
Cette séance de l'atelier présentera une synthèse de certaines de ces recherches ainsi que les orientations spécifiques des travaux menés par notre équipe dans ce contexte. Les informations codées au niveau des neurones (par exemple, les corrélations entre le comportement et l'activation des neurones) indiquent la nature des éléments les plus fondamentaux sur lesquelles les fonctions cognitives sont basées. Afin de comprendre les mécanismes neuraux qui sous-tendent les fonctions spatiales, nous enregistrons de l'activité de petits et grands groupes de neurones chez des rats libres de leurs mouvements qui sont soumis à des épreuves de discrimination spatiale et d'orientation. Nous nous intéressons particulièrement aux neurones situés dans le système limbique, les aires qui les alimentent en signaux et d'autres régions qui reçoivent leurs afférences. Ceci nous permet d'identifier et de décrire les mécanismes neuraux impliqués dans les comportements d'orientation et de navigation, mécanismes qui comprennent la planification, l'apprentissage et la mémorisation des informations spatiales. Plus précisément, nous comparons l'activité des cellules de lieu hippocampiques et des cellules sélectives pour la direction de la tête. Ces neurones codent la position et l'orientation de la tête grâce à l'intégration des signaux de plusieurs modalités sensorielles (visuels, vestibulaires) ainsi que des signaux moteurs associés aux déplacements de l'animal. Ces observations permettent de mieux comprendre l'architecture neurobiologique sur laquelle la mémoire spatiale est basée. Les études de la cognition spatiale menées par d'autres disciplines peuvent-elles suggérer en retour de nouvelles expériences pour mieux comprendre le fonctionnement de ces neurones ?

Lundi 18 décembre Bernard Victorri (Lattice-CNRS, ENS) La polysémie des verbes de mouvement
 

Résumé :

Dans toutes les langues, les verbes qui servent à évoquer un mouvement dans l'espace sont massivement polysémiques : ils peuvent prendre des sens différents suivant le contexte, que ce soit dans le domaine spatial lui-même ou dans d'autres domaines de l'expérience où ils peuvent exprimer tout autre chose qu'un déplacement dans l'espace physique. Les théories sémantiques classiques prennent généralement pour acquis que leurs sens spatiaux sont "premiers" et que les autres sens en dérivent par des transformations de type métaphorique.
A partir de l'analyse de quelques exemples ("arriver", "passer", "quitter", "filer"), on montrera que cette hypothèse ne va pas de soi, et que l'on peut lui opposer une autre approche, dans laquelle on associe à chacun de ces verbes une "forme schématique", plus abstraite, dont dériveraient ses différents sens, spatiaux et non spatiaux. On discutera du statut cognitif que l'on peut donner à ces formes schématiques, et plus généralement des implications de cette approche sur la nature des rapports entre l'activité langagière et les autres activités cognitives (notamment perceptives).

Lundi 29 janvier Pierre R. Dasen (FPSE, Université de Genève), Fabienne Tanon (ENS, Lyon)
Culture, écologie, langue et développement de concepts de l'espace
 

Résumé :

Nous partons du constat de différences culturelles dans les systèmes d'orientation spatiale, en particulier de l'importance attribuée aux références géocentriques (extérieures à l'individu, telles que amont-aval, repères topographiques, points cardinaux) en comparaison avec la référence au corps propre (systèmes projectifs, utilisation de gauche-droite, devant-derrière). D'une part, nous établissons un lien avec la configuration géographique du terrain (écologie), d'autre part nous étudions les marqueurs spatiaux dans la langue (et leur apprentissage chez l'enfant).
Quelle est l'influence de l'importance culturelle d'un système par rapport à un autre sur le développement de concepts spatiaux (dans une perspective Piagétienne) chez l'enfant?
Nous cherchons à répondre à cette question dans une série de recherches en Indonésie (Bali; Wassmann & Dasen, 1998; Dasen, 1998), en Inde et au Népal (P. Dasen, R.C. Mishra, S. Niraula), et au Mexique (F. Tanon), faisant appel à une combinaison de méthodes anthropologiques, linguistiques et psychologiques, à partir d'un paradigme élaboré à l'Institut Max Planck de Nijmegen par S. Levinson et son équipe. La présentation portera principalement sur les résultats de la recherche en Inde et au Népal.

Dasen, P. R. (1998). Cadres théoriques en psychologie interculturelle. In J. G. Adair, D. Bélanger, & K. L. Dion (Eds.), Récents développements en psychologie scientifique, vol. 1, Aspects sociaux, personnels et culturels (pp. 205-227). London: Psychology Press.
Wassmann, J., & Dasen, P. R. (1998). Balinese spatial orientation: Some empirical evidence for moderate linguistic relativity. The Journal of the Royal Anthropological Institute, incorporating Man (N.S.), 4, 689-711.

Lundi 12 mars

Gérard Ligozat (LIMSI-CNRS, Université Paris-Sud, Orsay) "Raisonnement spatial qualitatif" et applications au traitement de la langue

 

Résumé :

En intelligence artificielle, la représentation et le traitement de données spatiales a longtemps constitué un domaine dont le développement était modeste, surtout si on le met en parallèle avec celui des travaux consacrés à la représentation du temps et à son traitement.
Cependant, depuis quelques années se développe un domaine dit du « Raisonnement Spatial Qualitatif », qui mobilise des techniques et des champs d'application divers (logique, propagation de contraintes, systèmes d'information géographique, bases de données géographiques). Une conséquence de cette évolution est l'apparition de quelques formalismes qui permettent d'ores et déjà de manipuler de façon effective des notions spatiales qualitatives particulières (par exemple directionnelles ou topologiques), et pour lesquels sont disponibles à la fois des résultats théoriques de complexité et des techniques de mise en oeuvre efficaces.
Nous présenterons un panorama rapide du domaine, puis montrerons comment les techniques élaborées permettent, en liaison avec celles du traitement automatique des langues, de développer des applications où interviennent simultanément raisonnement spatial et interface en langage naturel. Nous illustrerons les travaux réalisés dans cette direction au LIMSI sur des exemples de réalisations concrètes.

Lundi 18 juin Philippe Boudon "Représentation de l'architecture et architecture de la représentation"
 

Résumé :

L'exposé rappellera en guise d'introduction la multiplicité des espaces qui participent à l'architecture, et face à cette multiplicité, l'unité questionnable ce qu'il est convenu d'appeller l'espace architectural.
Les conséquences épistémologiques de ces multiples registres sont de mettre en question l'idée même d'architecture comme discipline tout en exigeant de cerner la spécificité éventuelle de l'espace architectural, question à laquelle travaille l'architecturologie.
On montrera comment celle-ci vise alors à constituer en objet scientifique l'"espace de conception", espace postulé théoriquement, dans lequel se développent les opérations de l'architecte au travail de la conception architecturale.
On cherchera à communiquer par quelques exemples une illustration de la modélisation de l'espace de conception que propose l'architecturologie sous le concept d'"espace architecturologique".

   
 

Contacts :

Maya Hickmann, Laboratoire Cognition et développement UMR 8605 CNRS
Michel Denis, Groupe Cognition Humaine, LIMSI-CNRS, Tel: +33 (1) 69 85 80 08

 

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