Lundi 16 octobre |
Sidney Wiener (CNRS Collège de France LPPA, Paris)
Bases neuronales de la cognition spatiale
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Résumé :
L'étude des mécanismes neuraux qui sous-tendent
les fonctions spatiales fait actuellement l'objet d'un nombre
croissant de recherches en neurosciences.
Cette séance de l'atelier présentera une synthèse
de certaines de ces recherches ainsi que les orientations spécifiques
des travaux menés par notre équipe dans ce contexte. Les
informations codées au niveau des neurones (par exemple, les corrélations
entre le comportement et l'activation des neurones) indiquent la nature
des éléments les plus fondamentaux sur lesquelles les fonctions
cognitives sont basées. Afin de comprendre les mécanismes
neuraux qui sous-tendent les fonctions spatiales, nous enregistrons de
l'activité de petits et grands groupes de neurones chez des rats
libres de leurs mouvements qui sont soumis à des épreuves
de discrimination spatiale et d'orientation. Nous nous intéressons
particulièrement aux neurones situés dans le système
limbique, les aires qui les alimentent en signaux et d'autres régions
qui reçoivent leurs afférences. Ceci nous permet d'identifier
et de décrire les mécanismes neuraux impliqués dans
les comportements d'orientation et de navigation, mécanismes qui
comprennent la planification, l'apprentissage et la mémorisation
des informations spatiales. Plus précisément, nous comparons
l'activité des cellules de lieu hippocampiques et des cellules
sélectives pour la direction de la tête. Ces neurones codent
la position et l'orientation de la tête grâce à l'intégration
des signaux de plusieurs modalités sensorielles (visuels, vestibulaires)
ainsi que des signaux moteurs associés aux déplacements
de l'animal. Ces observations permettent de mieux comprendre l'architecture
neurobiologique sur laquelle la mémoire spatiale est basée.
Les études de la cognition spatiale menées par d'autres
disciplines peuvent-elles suggérer en retour de nouvelles expériences
pour mieux comprendre le fonctionnement de ces neurones ?
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Lundi 18 décembre |
Bernard Victorri (Lattice-CNRS, ENS) La
polysémie des verbes de mouvement |
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Résumé :
Dans toutes les langues, les verbes qui servent à évoquer
un mouvement dans l'espace sont massivement polysémiques
: ils peuvent prendre des sens différents suivant le contexte,
que ce soit dans le domaine spatial lui-même ou dans d'autres
domaines de l'expérience où ils peuvent exprimer
tout autre chose qu'un déplacement dans l'espace physique.
Les théories sémantiques classiques prennent généralement
pour acquis que leurs sens spatiaux sont "premiers" et
que les autres sens en dérivent par des transformations
de type métaphorique.
A partir de l'analyse de quelques exemples ("arriver", "passer", "quitter", "filer"),
on montrera que cette hypothèse ne va pas de soi, et que l'on
peut lui opposer une autre approche, dans laquelle on associe à chacun
de ces verbes une "forme schématique", plus abstraite,
dont dériveraient ses différents sens, spatiaux et non
spatiaux. On discutera du statut cognitif que l'on peut donner à ces
formes schématiques, et plus généralement des implications
de cette approche sur la nature des rapports entre l'activité langagière
et les autres activités cognitives (notamment perceptives).
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Lundi 29 janvier |
Pierre R. Dasen (FPSE, Université de
Genève), Fabienne Tanon (ENS, Lyon)
Culture, écologie, langue et développement de
concepts de l'espace |
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Résumé :
Nous partons du constat de différences culturelles dans
les systèmes d'orientation spatiale, en particulier de
l'importance attribuée aux références géocentriques
(extérieures à l'individu, telles que amont-aval,
repères topographiques, points cardinaux) en comparaison
avec la référence au corps propre (systèmes
projectifs, utilisation de gauche-droite, devant-derrière).
D'une part, nous établissons un lien avec la configuration
géographique du terrain (écologie), d'autre part
nous étudions les marqueurs spatiaux dans la langue (et
leur apprentissage chez l'enfant).
Quelle est l'influence de l'importance culturelle d'un système
par rapport à un autre sur le développement de concepts
spatiaux (dans une perspective Piagétienne) chez l'enfant?
Nous cherchons à répondre à cette question dans
une série de recherches en Indonésie (Bali; Wassmann & Dasen,
1998; Dasen, 1998), en Inde et au Népal (P. Dasen, R.C. Mishra,
S. Niraula), et au Mexique (F. Tanon), faisant appel à une combinaison
de méthodes anthropologiques, linguistiques et psychologiques, à partir
d'un paradigme élaboré à l'Institut Max Planck de
Nijmegen par S. Levinson et son équipe. La présentation
portera principalement sur les résultats de la recherche en Inde
et au Népal.
Dasen, P. R. (1998). Cadres théoriques en psychologie
interculturelle. In J. G. Adair, D. Bélanger, & K.
L. Dion (Eds.), Récents développements en psychologie
scientifique, vol. 1, Aspects sociaux, personnels et culturels
(pp. 205-227). London: Psychology Press.
Wassmann, J., & Dasen, P. R. (1998). Balinese spatial orientation:
Some empirical evidence for moderate linguistic relativity. The Journal
of the Royal Anthropological Institute, incorporating Man (N.S.), 4,
689-711.
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Lundi 12 mars |
Gérard Ligozat (LIMSI-CNRS, Université Paris-Sud,
Orsay) "Raisonnement spatial qualitatif" et applications
au traitement de la langue
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Résumé :
En intelligence artificielle, la représentation et le
traitement de données spatiales a longtemps constitué un
domaine dont le développement était modeste, surtout
si on le met en parallèle avec celui des travaux consacrés à la
représentation du temps et à son traitement.
Cependant, depuis quelques années se développe un domaine
dit du « Raisonnement Spatial Qualitatif », qui mobilise
des techniques et des champs d'application divers (logique, propagation
de contraintes, systèmes d'information géographique, bases
de données géographiques). Une conséquence de cette évolution
est l'apparition de quelques formalismes qui permettent d'ores et déjà de
manipuler de façon effective des notions spatiales qualitatives
particulières (par exemple directionnelles ou topologiques), et
pour lesquels sont disponibles à la fois des résultats
théoriques de complexité et des techniques de mise en oeuvre
efficaces.
Nous présenterons un panorama rapide du domaine, puis montrerons
comment les techniques élaborées permettent, en liaison
avec celles du traitement automatique des langues, de développer
des applications où interviennent simultanément raisonnement
spatial et interface en langage naturel. Nous illustrerons les travaux
réalisés dans cette direction au LIMSI sur des exemples
de réalisations concrètes.
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Lundi 18 juin |
Philippe Boudon "Représentation
de l'architecture et architecture de la représentation" |
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Résumé :
L'exposé rappellera en guise d'introduction la multiplicité des
espaces qui participent à l'architecture, et face à cette
multiplicité, l'unité questionnable ce qu'il est
convenu d'appeller l'espace architectural.
Les conséquences épistémologiques de ces multiples
registres sont de mettre en question l'idée même d'architecture
comme discipline tout en exigeant de cerner la spécificité éventuelle
de l'espace architectural, question à laquelle travaille l'architecturologie.
On montrera comment celle-ci vise alors à constituer en objet
scientifique l'"espace de conception", espace postulé théoriquement,
dans lequel se développent les opérations de l'architecte
au travail de la conception architecturale.
On cherchera à communiquer par quelques exemples une illustration
de la modélisation de l'espace de conception que propose l'architecturologie
sous le concept d'"espace architecturologique".
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Contacts :
Maya Hickmann, Laboratoire
Cognition et développement UMR 8605 CNRS
Michel Denis, Groupe Cognition
Humaine, LIMSI-CNRS, Tel: +33 (1) 69 85 80 08
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